L’écho de nos sidérations aux Conflins de l’horreur

L’écho de nos sidérations aux Conflins de l’horreur


« Pour le ciel chacun raconte sa licorne ! »
Lou Bruder 

Chère lectrice, lecteur,

Je vais vous livrer quelque chose que vous ne pourrez dire à personne, de peur que la confidence que je vous susurre soit « MORTELLE ».

Aujourd’hui, Mesdames, Messieurs, j’ai eu un accouchement Maïeutique difficile, et oui !

L’esprit qui m’anime et qui nourrit mes contre-courants est comme  SIDÉRÉ — figé, glacé, le ciel s’est tu et la licorne magique de la vie s’est immobilisée… Je dois vous faire cette confidence, j’ai mis à jour mon incompréhension face à ce mystère de l’horreur, et ma voix intérieure s’embrase dans la confusion, l’arrêt sur image. Que dire ? Que faire ? Que sentir face à l’histoire de cette homme, cet enseignant, qui a trouvé la mort à l’angle de nos rues pour avoir rendu conte de l’importance de la liberté de penser !?

Le Caravage, DAVID AVEC LA TETE DE GOLIATH (Public domain, via Wikimedia Commons)

 Je vous salue humblement et de toute mon âme, SAMUEL PATY.

SAMUEL PATY 1973-2020

Victorcouto, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Peut-être devrais-je me taire, ou relire Socrate, Deleuze, Voltaire, La Fontaine mais rien je n’ai rien trouvé pour éclairer une telle barbarie, pour faire taire ma honte.

Voila ma confidence, mon aveu, mon secret intime, l’accoucheuse accouchée d’un esprit de sidération !

Je suis de celle qui pense qu’à chaque fois qu’un mot apparait, un monde naît avec lui. Mais, quel monde se dessine face au mot SIDÉRATION ? Quel écho peut renvoyer le cri de ce nouveau-né invincible ?

J’ai fait tourner ma spirale infernale, face à ce meurtre par décapitation et je n’ai rien vu naître, rien, une non-pensée glaciale, un vide abyssal m’ont instantanément stoppée. Comment faire entendre, faire voir, faire comprendre, faire sentir, comment réagir, comment résister, comment dire simplement son dégoût, son désespoir, son chagrin, avant tout, partout, surtout…

Le paradoxe de la sidération, c’est qu’elle nous enlève notre force vitale, elle agit comme un arrêt du temps, elle nous paralyse face à un élément hors du commun.

Nous gisons là, comme exilés de nos émotions mais l’accouchement va être difficile, je ne fais que le mettre en perspective afin de m’extirper dans cette espace vide de SOI, pour tenter de vous rejoindre.

Alors même que notre pensée a du mal à sortir de cette brume chaotique, de cette sidération de l’intérieur, je crois que toute cette profusion de mots, d’images, de débats, qui je le sais s’élaborent en dehors de nous, est bien vaine !

Il nous faudra encore et encore, appréhender un réel, dans toutes ces ramifications, dans toute sa cruauté, dans toute sa dureté et dans tous ces paradoxes qui sont sources d’une vertigineuse perte de nos singularités humaines.

« Picasso – «Guernica» » by magal (Manuel Galrinho) is licensed under CC BY-NC-ND 2.0

Dans le prologue de Gargantua, Rabelais nous dit :

« La laideur de Socrate, le ridicule de son maintien, la rusticité de son vêtement, vous n’en eussiez point donné un copeau d’oignon […] Et si on avait ouvert Socrate, on aurait découvert une divinité plus qu’un homme, […] un dépassement incroyable de tout ce pour quoi les hommes veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent. »

Et, si nous ouvrions nos Ames, ici et maintenant, de quoi accoucheraient-t-elles ?

Entre le savoir, la connaissance et l’absence de mots pour être dans une réalité si irréelle, que ferait notre sagesse spirituelle ?

Je laisse ces questions en suspens, comme notre épée de Damoclès des temps modernes.

La fureur et de l’intolérance auront- elles raison de nous ?

Pourtant, ne nous faut-il pas « raison garder », quelle ironie ?

C.R.

PABLO PICASSO
Argentina. Revista Vea y Lea, Public domain, via Wikimedia Commons

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