Mes vœux pour cette nouvelle année 2023
Je vous présente mes meilleurs vœux pour l’année 2023 et remercie toutes celles et tous ceux qui ont eu le courage d’explorer de nouvelles rives en confiance et en douceur. Merci !
SI LA DOUCEUR SE FAISAIT PEINTURE ?
Pour notre festin d’introduction à la douceur, j’ai choisi ces deux tableaux qui suivent, comme une partition, le chant de nos licornes d’enfance qui nous font tant basculer.
Entendre cette musique du tréfonds de vos errances face à un monde dont l’emprise est folle, rugueuse, nous plongeant à chaque réveil, dans un chagrin sans compassion et dans un miroir d’ego… C’est digne de l’histoire de Narcisse le vaniteux. Nous glissons vers une vertigineuse scène de bouffonnerie extatique !
En voilà, des vœux qui sonnent tristes, me direz-vous ! Mais la déraison des grands malheurs de la mutation qui se dessine, s’offre à nous comme un destin digne des tragédies grecques. Comment y échapper ? Tout d’abord, cette escapade de l’absurde n’est pas liée à notre système, ni même à une conjoncture, mais intrinsèquement, et c’est terrifiant, à notre peur de perdre et de mourir. Nous perdons dans nos certitudes et nos conforts anesthésiants, le peu d’humanité qui nous lie les uns aux autres.
Faisons un passage en force pour cette nouvelle année et observez sereinement cette douceur énigmatique qui regarde à la fenêtre chez le peintre baroque Murillo ou ce jeune garçon mangeant gloutonnement cette grappe comme l’on gobe, sans culpabilité le plaisir de vivre par ces grains juteux, sucrés, en opulence et dans la pleine conscience du plaisir à soi… Tout cela est d’une douceur parfois oubliée et pourtant si authentique.
Je vous invite à lire et relire, cette pensée du poète Christian Bobin qui nous a quitté en nous laissant la mission de poursuivre la recherche de la lumière pour nos âmes. Gratitude à vos mots qui vont tellement nous manquer.
Je cherche la grande douceur, celle que personne n’a jamais vue et dont l’existence ne fait aucun doute car c’est à elle que l’on doit la beauté odorante des jacinthes, la lumière dans les yeux étonnés des bêtes et tout ce qu’il y a sur terre et dans les livres de bienfaisants.
Christian Bobin — Ressusciter (2011, Gallimard)
POURQUOI LA DOUCEUR ?
Quel impact a la douceur, la lumière, ou l’étonnement dans ces pensées gluantes de la bienfaisance en rafales ? Dans un monde néolibéral qui privilégie l’expansion à tout va, qui se cache sous le visage du progrès spectaculaire ? Les sciences dures et les sciences sociales, libres et autonomes, occupent comme une nouvelle autorité sur un monde de plus en plus virtuel qui nous tue à petit feu. Nous sommes sous l’emprise du modèle de la connaissance scientifique spécialisée, et les intellectuels, les libres-penseurs, les poètes, les artistes au sens large, se trouvent balisés par la loi des experts… et nous qui ne sommes experts en rien face à la vie et la mort… comment s’en sortir ?
Nous flottons et comme un ballon d’hélium nous survolons notre planète, sans en être vraiment les habitants, juste des objets de décoration spéculatif. C’est une mission impossible qui nous est demandée ! À moins que nous stoppions la vague que nous créons en soulevant la question de notre bien-être pour notre survie. On nous assomme d’une idéologie selon laquelle il est impossible, voire interdit d’embrasser par la pensée originale, l’émotion intelligente, le fonctionnement dément de notre monde pluriel. Nous sommes focalisés sur notre devenir dans une cohorte de principes et de processus menant à l’impuissance et à la co-dépendance généralisée.
S’agit-il seulement comme l’explique le psychiatre Carl Gustav Jung de nos représentations ? Certes, en partie, mais face à cette schizophrénie mondiale que pouvons-nous faire de bon pour cette nouvelle ère ? Nous replier sur nous même, c’est déjà le cas. Faire la guerre, c’est en cours. Alors que faire ? Perdus dans notre misère égocentrée, ne pourrions-nous pas plutôt célébrer la douceur dans un double mouvement d’accueil et de don à soi et aux autres ?
COMMENT TROUVER LA DOUCEUR EN 2023 ?
La douceur est d’abord une forme d’intelligence émotionnelle et relationnelle. Elle est forte et subtile et met à terre la violence de nos maux. Elle habite l’art au plus profond de son énigme, elle est une passerelle mystérieuse du bien au mal, de la rudesse à la générosité, de la maladie à la guérison, de la pensée logique aux débordements de la passion. Elle est particulièrement bien décrite par Anne Dufourmentelle dans La puissance de la douceur. Je vous recommande ce livre pour commencer l’année par une fenêtre en pointillée, vaporeuse et à contre-courant, à la recherche d’une plénitude de sens, d’une gravitation symbolique et d’une puissance universelle.
J’ai entendu, dans mon travail et mes accompagnements, sa musique à travers vos voix. J’ai touché, effleuré avec vous sa capacité à guérir, à transformer, à prendre toute sa place dans la quête du vivre encore et encore éperdument. N’est-ce pas là un pied de nez à la grande faucheuse ? Comme l’écrit si profondément Christian Bobin, elle illumine, éclaire, sans éblouir notre conscience. La douceur… Personne ne la voit en définitive, et pourtant elle existe, elle est, elle vibre tout autour de nos existences sans avoir besoin de preuve, de certitude, de sécurité ou de domination. Elle est dans ce monde ou la raison efface la pensée furtive et subtile de l’intelligence émotionnelle, qui est je le crois, l’arme secrète de notre humanité. Elle est l’élan de vie, qui vous manque tant et que je cherche à trouver avec vous si souvent. Prenez le temps de lire ce poème contemporain… Robin Yacout ne nous dit-il pas la même chose à travers ses quelques mots ?
Ils ont rêvé un monde et nous vivons dedans
Où l’interdit est interdit
Où l’indignation répond à la violence
Où l’on jette des fleurs sur ceux qui nous agressent
Où l’on allume des bougies contre la barbarie
Je suis de ce monde là
Un monde doux et délicat
Où chaque enfant est un petit éclat de soleil apporté d’un autre ciel
Où le confort a tout englouti
À tel point qu’on cherche encore des miettes
Du Beau, du Juste et du Vrai à chaque coin de rue
Nous sommes devenus des petits poucets de l’absolu
Abandonnés par nos pères malgré eux
Parce qu’il n’y avait plus assez d’idéal à manger pour tous
Alors nous errons sur les chemins de Narcisse
Tous plus seuls que jamais
Mais où est passée la transcendance ?
Où sont passés les montagnes plus grandes que les hommes
Les mers plus profondes que nos âmes
Le sublime niché dans un rayon de soleil arriéré
Et Dieu auquel je n’ai pas besoin de croire pour savoir
Qu’il existe un ailleurs hors de toute humanité
Cet ailleurs
Cet autre
Ce toi
Ce nous
Je voudrais qu’il berce notre monde encore un peu
Avant que de s’éteindre dans la fatuité et l’orgueil
Mes amis — ô si vous m’entendez !
Déposez sur le monde quelques flocons de beauté
Pour rappeler aux femmes et aux hommes
Qu’ils ne sont pas seuls
S’ils savent encore lever les yeux aux ciel
De temps en tempsRobin Yacout
VIVE LA DOUCEUR !
Je vous souhaite donc pour cette année 2023, une dolce vità, aussi indécent et irréaliste que cela puisse paraitre ! Vous êtes si précieux à ma création d’art thérapeutique que j’ai voulu par ces mots, partager avec vous une vague de douceur, volumineuse, onctueuse, silencieuse, gourmande et si intime à votre profondeur et à votre recherche d’être soi.
Meilleurs vœux 2023
Soyez vivants, soyez déraisonnables et prenez soin de vous…
Je vous aime, vous les humains !
0 commentaire publié Add yours →